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Le port fluvial de Villeneuve-le-Roy (4)

Un article en six parties :
1) Pourquoi le port de Villeneuve ?
2) Conception et documentation
3) Un principe de base : l’échelle sensible
4) Un peu de technique et des matériaux
5) Principes d’assemblage et outillage
6) À voir dans le flacon (et sources icono)

Ce travail est dédié à François Beaudouin.
Gérard Aubry, d’octobre 2013 à mai 2014

Un peu de technique et des matériaux

Du plâtre à modeler teinté de couleur bleu outremer en poudre, de l’eau mêlée de colle blanche vinylique pour l’adhérence et l’élasticité, trois joncs de bois collés au silicone dans le fond du flacon pour remplissage et allégement, un entonnoir, un morceau de tuyau d’arrosage, et … la rivière coule dans la bouteille pour s’y figer définitivement. Une puissante pompe à air d’aquarium crée à l’aide d’un tuyau souple une ventilation forcée qui, en quatre ou cinq semaines, permet de sécher le plâtre. Opération impossible à effectuer autrement : l’eau s’évapore, la vapeur monte, se condense sur la voûte de verre et redescend en ruisselant, des moisissures apparaissent immanquablement après quelques jours.

Inspiré des techniques de Johannes Vermeer, un glacis composé de couches de vernis acrylique alterné de petites touches couleurs éparses translucides bleues, grises, vertes de différentes nuances simule la surface du flot. Chaque couche recouverte d’une nouvelle couche de vernis, à son tour recouverte de petites touches de couleur… jusqu’à l’obtention d’un effet de profondeur et de transparence. Les couleurs de l’Yonne changent sans arrêt au gré de l’ensoleillement, des nuages, de l’heure, des reflets du ciel et des arbres, de la clarté ou de la turbidité de l’eau.

Les embarcations descendantes portées par le courant, ne crée pas de sillage. Seul le coche, presque à l’arrêt à contre courant pourrait en créer un. Aujourd’hui, la présence des barrages à écluses réduit considérablement la vitesse de ce courant, l’eau étant de niveau entre deux écluses. L’harmonisation avec la masse de la muraille, les pierres du pont et surtout de la peinture verte du rouf du coche d’eau, bien visible sur une peinture d’époque, détermine ici sa couleur globale. La quasi-totalité des produits liquides et pâteux est à base aqueuse. Les pâtes, peintures et résines à base d’huiles ou de solvants ont le regrettable défaut de dégazer, parfois durant des années. Dans l’espace hermétiquement clos du flacon, ils ne peuvent s’échapper et produisent avec le temps des vapeurs qui se déposent sous forme de buée sur le verre, voire attaquent les matériaux.

Dans l’atelier, séchage du plâtre coloré sous ventilation forcée avant peinture.

Un sandwich de mousse synthétique rigide collée entre deux cartons forme la berge et la structure de la muraille. Quasiment tout le reste (parements, toits, pont, tours et bateaux ) est en papier à aquarelle « Arches » de différents grammages : 185, 300, 640 et 850 gr/m², soit des épaisseurs allant d’environ 0,3 à 1,5 mm, de grain fin pour les parties lisses et grain torchon pour les parties plus grossières. Le tout peint à la gouache vinylique « Flashe » de Lefranc et Bourgeois, épaisse, indélébile, opaque, mate et sans retrait, et à l’aquarelle.

Les différents bois des chantiers et des chargements sont en branches naturelles de thym et de petit buis, en fines baguettes de poirier pour les bois équarris. Des végétaux naturels (mousses, sphaignes, lichens, petites ombellifères) stabilisés par imprégnation de colle diluée ou de vernis mat et peints, constituent les broussailles et les arbres.

Le coche en chantier, papier aquarelle, bois et fil de lin.

Pour fabriquer les personnages, je torsade trois brins de fil métallique, puis j’en plie les extrémités pour former le cou, les bras et les jambes, la sixième laissée très longue entre les jambes permet la préhension. Elle sera coupée avant peinture et remplacée provisoirement par un pique olive pour les femmes de robe longue. Une pince de bijoutier plie les articulations, une perle constitue la tête, du mastic synthétique à carrosserie ajoute la corpulence et les vêtements, qui peuvent être aussi en papier de soie selon les besoins. La peinture fait le reste.

Compte tenu du grand nombre de personnages, plus d’une centaine et une trentaine d’animaux, et du fait que je voulais terminer pour le Salon des Beaux-Arts de l’Association des Amis du Vieux Villeneuve, j’ai réalisé certains d’entre eux à partir de personnages et animaux moulés pour décor de train électrique entièrement « déshabillés » au scalpel de leurs vêtements contemporains, déformés aux articulations à l’aide d’un micro fer à souder et « rhabillés » comme précédemment.

Confection de passagères du coche. Résine sur pique-olives.
Différents personnages terminés.

Les accessoires tels que sacs de grain, bagages, sont en pâte à modeler synthétique durcissant à l’air, les caisses et les charrettes en poirier ; la malle-poste, une Turgotine du nom du Contrôleur général des finances et Surintendant général des Postes, en papier Arches, et les futailles de vin tournées en corne.

La représentation de la muraille en silex combine pochage, grattage et rainurage. Les pierres des chaînages d’angles et horizontaux sont découpées et collées une à une sur la paroi puis peintes en gris.

Pour figurer les toitures en tuiles et la couverture du chantier naval en bardeaux de bois, un fond de peinture brun rouge pour les tuiles et brun marron pour les bardeaux est moucheté au pochoir avec différentes nuances : jaune de Naples, ocres jaune et rouge, terre de Sienne naturelle et brûlée, etc., puis rainuré horizontalement en bandes espacées d’un millimètre environ, et enfin verticalement par petits coups de cutter alternés entre chaque rangée. Les pavés du pont sont dessinés au crayon de papier à mine dure en appuyant fort sur un mouchetis gris clair, travail un peu fastidieux, mais seul capable d’en restituer la forme et l’infime mais néanmoins sensible profondeur des jointoiements.

À suivre…
5) Principes d’assemblage et outillage
6) À voir dans le flacon (et sources icono)